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Recep Tayyip Erdogan avait annoncé le samedi 23 octobre l’expulsion de la Turquie de dix ambassadeurs occidentaux, dont celui de la France. Pour cause, il reproche à ces diplomates d’avoir appelé à la libération de l’opposant homme d’affaires Osman Kavala. Ce qu’il considère comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Turquie. Cependant, 48 heures après ses déclarations, le président turc revient sur ses propos. Il dit avoir obtenu de garanties des ambassadeurs concernés. Pourquoi un revirement si vite ?
Un recul forcé ? #
Rarement, les tensions entre la Turquie et les pays occidentaux ont connu une telle escalade. De même, on ne s’y attendait pas du tout à cette décision qui a surpris plus d’un. « J’ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de régler au plus vite la déclaration de ces 10 ambassadeurs comme persona non grata. Je lui ai dit ce qu’il devait faire : s’occuper au plus vite de la déclaration de ces dix ambassadeurs comme persona non grata », déclarait Recep Tayyip Erdogan au cours d’un déplacement ans le centre de la Turquie.
Comme motif, le président turc affirme que « du matin au soir ils répètent : Kavala, Kavala… Mais celui dont vous parlez, Kavala, c’est l’agent de Soros en Turquie ». Pour lui, le principe est clair. « Soit, ces 10 ambassadeurs reconnaissent la Turquie, la comprennent. Le jour où ils ne connaissent ou ne comprennent plus la Turquie, ils devront partir d’ici », a-t-il clarifié.
Toutefois, sa menace n’a pas duré longtemps. Puisque 48 heures après, il révise sa décision. Dans un communiqué, dont les détails n’ont pas été dévoilés, le président turc affirme que les diplomates ont « reculé et seront plus prudents à l’avenir ». Cependant, d’après de nombreux spécialistes de la politique internationale, les raisons de ce rétropédalage de Recep Tayyip Erdogan sont totalement ailleurs.
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La Turquie fait face à une situation économique délicate. Sa monnaie connait une chute de 20 % depuis janvier 2021 par rapport au dollar américain. Ajouté à son taux d’inflation évalué à 25 %, le pays se trouve dans une position de faiblesse et n’a aucun intérêt à mettre ses partenaires à dos.
Les pays occidentaux restent droits dans leurs bottes #
En plus de la France, les États-Unis, Canada, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et la Suède sont les pays menacés d’expulsion par le président turc. Le 18 octobre dans un communiqué, les ambassadeurs avaient demandé un dénouement juste et rapide de l’affaire Osman Kavala. Cet opposant est incarcéré depuis 4 ans par la justice turque. Il est accusé d’avoir tenté de déstabiliser l’État turc. Une accusation que nie totalement le concerné.
Malgré la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui demande la libération immédiate de l’opposant, ce dernier est toujours gardé en prison. Ce que dénoncent les dix ambassadeurs occidentaux. Dans un communiqué, après la menace de Recep Tayyip Erdogan, ces diplomates disent avoir agir suivant l’article 41 de la Convention de Vienne. Une loi qui encadre les relations diplomatiques afin d’éviter toute ingérence dans les affaires internes. Toutefois, ces diplomates réclament toujours la libération de Osman Kavala.