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En plein cœur de l’Europe, à des latitudes que l’on pourrait juger tempérées, existe un village qui éprouve une privation de soleil semblable à celle des terres polaires : Viganella, petit bijou italien niché entre montagnes et histoire.
Malgré sa position géographique bien éloignée des régions arctiques, la ville est submergée par l’obscurité chaque hiver, de novembre à février. Elle n’a pas de soleil !
La quête de luminosité de Viganella #
Les montagnes environnantes, comme de gigantesques sentinelles, dressent une barrière infranchissable aux bienveillants rayons solaires. Les documents historiques attestent que depuis le XIIIe siècle, les valeureux habitants de Viganella ont vu plus de 800 hivers s’écouler sans la douce caresse du soleil.
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Et chaque année, le 2 février marque une célébration lumineuse, les villageois se parant de costumes traditionnels pour honorer le retour de l’astre solaire, au gré de rituels ancestraux.
Cependant, le XXe siècle a marqué un déclin démographique pour Viganella, accentué sans doute par ses hivers sombres et longs. La population n’y est désormais plus que de 163 âmes.
L’architecte Giacomo Bonzani, conscient de cette particularité lumineuse, avait suggéré d’établir un cadran solaire au sein du village. Toutefois, Franco Midali, alors maire, aspirait à une ambition plus grande, plus audacieuse.
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Comment pourrait-on, pensait-il, ramener le soleil à Viganella pendant ces 83 jours d’obscurité ? L’idée, bien que semblant tirée d’un conte, était simple : ériger un miroir gigantesque sur une montagne dominante pour renvoyer les rayons solaires vers le village.
Le 17 décembre 2006, ce projet soleil titanesque prit vie #
Grâce à un budget conséquent, ce miroir, imaginé par Bonzani avec la collaboration de l’ingénieur Gianni Ferrari, fut inauguré. Malgré son imposante stature, il s’agit d’une merveille technologique : durant six heures quotidiennes, un logiciel lui permet de suivre le parcours céleste du soleil, baignant la place centrale de Viganella d’une lumière réconfortante.
Silvia Camporesi, artiste multimédia, évoque sa découverte du miroir : « Après deux heures de marche, le miroir se dressait devant nous, splendide et imposant sur son promontoire. Une observation rapprochée était ardue, car son éclat était éblouissant. »
Au-delà de sa fonction pragmatique, ce miroir est porteur d’un message plus profond. Comme l’a si bien exprimé l’ancien maire Midali : « L’essence de ce projet n’est pas purement technologique, mais profondément humaine. »
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Ce souhait de raviver les interactions sociales lors des longues périodes hivernales transcende les frontières : la réussite de Viganella a inspiré Rjukan, une localité norvégienne, qui a également opté pour cette brillante innovation en 2013.
D’autres villages sans soleil, tels que Seydisfjördur en Islande, pourraient potentiellement bénéficier de ce génie architectural. Toutefois, si la lumière naturelle reste inaccessible pour certains, les habitants de Viganella, eux, se délectent désormais des rayons d’un soleil qu’ils ont su reconquérir, témoin de leur ingéniosité et de leur détermination.
